Vinh Long

June 13, 2017

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Province de Vinh Long est une ville au coeur du delta du Mekong. Elle n’a pas les attraits de Can Tho ou de la capitale économique du pays, Ho Chi Minh Ville, mais elle a le mérite de ne pas être très éloignée des différents sites incontournables du delta, comme le marché flottant de Cai Be. Mais dans cette région, ce ne sont pas les bus des grandes compagnies qui opèrent, mais des petits cars ou des minibus privés en plus ou moins bon état. On se sent alors privilégié avec le guide et le chauffeur à bord du véhicule de l’Asia Soleil Travel, agence de voyage au Vietnam.

On reconnaît une ville touristique au nombre d’hôtels et à la population que l’on croise en arrivant à la gare routière. A la gare routière de Vinh Long, les hôtels se comptent sur les doigts de la main et on est visiblement les seuls touristes de passage. Autant de signes qui ne sont pas très encourageants. Heureusement, province de Vinh Long réserve bien des surprises.

A commencer par son musée d’histoire : quelques vestiges de la guerre du Vietnam, quelques avions et hélicoptères américains, et au milieu de ces appareils, une guillotine ! Un panneau explicatif, rédigé en vietnamien et en anglais, apprend aux visiteurs que cette guillotine était autrefois installée à la prison centrale de Saigon et qu’elle a ensuite été transportée dans les provinces du delta en 1959 pour décapiter les opposants au régime de Ngo Dinh Diem…

Pendant ces quelques jours, le vrai moteur – et transport à vrai dire – de ce périple est une balade en vélo pour faire un petit tour dans la ville mais c’est surtout le grand marché qui séduit. Ici, peu de personnes parlent anglais. La présence du guide est salutaire car c’est difficile de se faire comprendre quand on ne parle pas le vietnamien.

On croise un couple de touristes et les échanges d’anecdotes autour du café local, le Sua Da (prononcer “chueux da”), fabuleux café froid avec du lait concentré dessous, a été très intéressante et drôle. On y apprend que les transports au Vietnam sont incroyablement lents: une moyenne oscillant entre 15 et 30 km/h avec d’innombrables arrêts et d’interminables temps d’attente. Sans commentaire. En revanche, chaque arrêt est un véritable petit cinéma, à vivre au moins une fois dans sa vie: on assiste à un défilé de marchands qui entrent dans le bus et remontent le couloir central en vantant les mérites de leurs produits (nourriture et boissons en tout genre, médicaments, etc.). Parfois, on voyait les marchands à l’extérieur criaient de la même façon, et appuyaient leur argumentation avec force en passant leurs produits à travers les vitres, les remuant juste sous le nez. Chaque marchand restait 15 minutes, le temps d’être sûr d’avoir épuisé le potentiel du bus, avant de redescendre et attendre la venue d’un autre bus. Et comme toujours, à l’arrivée à la gare routière, on avait droit à une horde de “xe om” (moto-taxi) qui se rue sur les passagers dès la descente. Anecdote burlesque qui facilite les échanges d’expérience et d’information.

On quitte alors le couple qui avait prévu un “séjour chez l’habitant “, précisément sur l’île en face de la province de Vinh Long : An Binh.

An Binh fait partie d’un groupe d’îlots amassés sur un des bras du Mékong, où l’on peut s’y déplacer en moto ou en vélo. Il y a une multitude de ponts au-dessus des différents cours d’eau; il y a des bananiers, des arbres fruitiers pour la plupart introuvables dans les étales en Europe, toutes sortes de fruits (mangues, bananes, mangoustans, ramboutans, caramboles, ananas, papayes, fruits du dragon, oranges, fruits du jacquier… et bien d’autres, qui sont délicieux mais dont le nom échappe aux touristes français) beaucoup de poules et de chiens, beaucoup d’écoles et d’enfants, et pleins de chemins qui se croisent et s’entrecroisent.

On décida alors d’aller sur cette île pour rejoindre ces compagnons de voyage vietnam. Le lendemain, après avoir pris le ferry boat pour traverser la rivière, on commence à arpenter l’île en vélo. En longeant des vergers et en traversant des ponts, on assiste sur les bords du chemin, à des combats de coqs organisés. Etrange rituel d’un spectacle très populaire en Asie, où, avant de valider un combat, ils mettent les deux coqs face à face, mais sans les lâcher. S’ils voient que les coqs veulent en découdre, alors le combat aura lieu. Les propriétaires préparent leur coq, d’abord en leur mettant des pointes en métal aux pattes en guise d’épée, puis en les aspergeant d’eau. Pendant ce temps là, les paris fusent…

On continue à parcourir l’île à bicyclette avant de rentrer chez l’habitant qui loge le couple de touriste pour prendre un café et jouer au billard français qui s’est tout d’un coup transformé en billard vietnamien tellement les propriétaires étaient doués. La journée se termina par un repas gargantuesque vraiment délicieux concocté par la famille du foyer.