Village vietnamien
June 15, 2017
Le Vietnam est encore un pays rural bien que l’urbanisation fait son chemin. Cependant, les centres économiques restent Hanoi et Ho Chi Minh Ville, et les Vietnamiens quittent leur village pour aller chercher du travail dans ces métropoles. Mais ils restent attachés à leur village natal au moins une fois par semaine, et si ce n’est pas possible, alors c’est durant le Tet. A Hanoi, on distingue la population originaire de la population résidente, où ces derniers quittent la capitale pour retrouver leur village d’origine, le temps des fêtes du Tet, ce qui a pour conséquence de voir Hanoi se vider de ses habitans pour n’avoir que la population d’origine.
Les Vietnamiens attachent une grande importance à leur village d’origine ou leur terre ancestrale car c’est là où ils ont grandis ou bien c’est le lieu où reposent leurs ancêtres. Il faut savoir que les enfants et les petits enfants doivent entretenir les tombes de leurs parent et ancêtres, étapes obligatoires avant d’aller au paradie. S’ils ne le font pas, l’esprit restera pour hanter la famille telle une malédiction pour l’éternité. |
Dans tout village vietnamien, la population non originaire n’a pas le droit de participer aux activités communales afin d’assurer la stabilité de la communauté. Les jeunes adultes peuvent commencer à participer à leurs devoirs de citoyen à partir de 18 ans, où ils reçoivent un lopin de terre pour pouvoir le cultiver et commencer leur propre vie.
Dans la société vietnamienne, quelle que soit la région traversée, les jeunes adultes ont 18 ans et plus, et la catégorie des anciens commence à partir de 60 ans. Ces derniers ont une place d’honneur mais n’ont pas forcément les pouvoirs. Tout dépend, à ce moment là, de la région et de la culture du village vietnamien. On distingue alors les villages des montagnes, qui n’ont généralement pas subis l’influence chinoise. Et les villages des Viets, issus de la longue histoire du pays qui est présent dans la quasi totalité du pays.
Dans les montagnes, la communauté montagnarde a le pouvoir et se compose des anciens du village qui décident et sont responsbles de la vie et de son futur.
Bien au contraire, dans les autres régions, on a un collège composé de personnes âgées, et de classes plus jeunes composées de bacheliers, de diplômés et de docteurs. Dans les réunions de village vietnamien, les anciens côtoient et ont le même pouvoir que les intellectuels. Ainsi, suivant leurs âges, les personnes entre 60 et 70 ans ont les mêmes droits que les bacheliers, celles entre 70 et 80 ans ont les mêmes droits que les diplômés, et enfin, celles qui ont plus de 80 ans, ont les mêmes pouvoirs que les docteurs.
Le groupe décisionnel est divisé en 5 catégories :
- dignitaires diplômés
- dignitaires administrateurs
- anciens
- actifs
- benjamins
Les dignitaires sont eux-mêmes divisés en 3 groupes :
- grands notables
- notables administrateurs
- notables anciens
Les dignitaires et les notables sont donc le point crucial pour l’avenir du village car c’est eux qui ont le pouvoir.
Le village vietnamien est composé de 4 principales parties :
- le dinh, la maison communale
- le puit communale
- la place des banians
- la haie de bambou
La maison communale ou dinh
Le dinh, ou maison communale, est un établissement public très important dans le village vietnamien. Lors de sa construction, la maison communale doit suivre les préceptes de la géomancie pour assurer la pérennité du village. On y intègre aussi le culte de Thanh Hoang qui est un génie tutélaire du village vietnamien, un garant de sa macrobie. |
Le dinh est avant tout un lieu public pour accueillir plusieurs types de réunion: les événements culturels comme les fêtes et les cérémonies, ou bien encore les représentations théâtrales, ainsi que les conseils et les tribunaux. Accessoirement, on l’utilise comme lieu de collecte des impôts et des taxes, de détention provisoire pour les condamnés ou de résidence pour les grands mandarins et dignitaires. Mais ce n’est pas tout, elle sert enfin de centre administratif, de centre culturel et de lieu de culte. C’est un élèment central et centralisateur du village vietnamien.
Le puit communale du village
Le puit est le symbole de l’unicité et de concordance des femmes dans la société vietnamienne, et plus précisemment, dans les villages vietnamiens. C’est autour de ce lieu qu’elles y font le nettoyage des légumes et du riz, la lessive, leur linge, et discutent et partagent leurs histoires et conseils. Mais c’est aussi un lieu de prédilection pour montrer son hostilité en cas de conflit avec un autre village. Ce lieu est pris en otage pour exprimer la haine. |
L’arbre de banian
Le banian est un arbre centenaire considéré comme un lieu sacré où se trouve un autel avec de l’encens continuellement allumé. C’est le lieu des génies ou esprits qui montre le respect des villageois à leurs divinités. Mais c’est aussi un lieu de repos pour les paysans après une dure journée de travail de par la présence d’une buvette au pied de l’arbre. Les passants s’y arrêtent pour se rafraîchir et donner des nouvelles du monde extérieur. |
La haie de bambou
La haie de bambou typique des villages du sud est un rempart en bambou entourant le village vietnamien et allant profondément sous la terre pour prévenir des incursions souterraines. Elle est faite pour protéger les habitants de toutes attaques extérieures. Elle se différencie des villages du nord qui sont des remparts de terre calqués sur ceux de la Chine. |
Le village vietnamien dans le sud
Dans les plaines du sud du Vietnam, la population a une toute autre vision du village que celle du nord: son insouciance qui la caractérise fait que c’est une population autonome et difficile à cataliser et hermétique car elle tient beaucoup à sa liberté et son autonomie. Les villages n’ont qu’une convention villageoise qui permet de gérer leur richesse en ayant deux type de registre:
- Le registre de la population qui répertorie le nombre d’habitants afin de définir la population active et les ressources humaines;
- Le registre de terrains qui permet de dénombrer les ressources agricoles en comptabilisant la surface des terrains cultivables.
Son désengagement vis-à-vis de la vie en communauté, comme au nord, fait qu’il est difficile pour un Etat féodal et aux colonisateurs de contrôler cette population non soumise à des institutions.
Cependant, on trouve une structure dans les villages du sud qui ne sont pas regroupés et fermés mais composés de maisons, de fermes et de hameaux dispercées le long des cours d’eau, des canaux, des arroyos ou des lacs: on trouve donc un chef du village, un administrateur en chef, un administrateur adjoint et un responsable de la sécurité. |